La science-fiction, Lecture et poétique d'un genre littéraire
EAN13
9782200269210
ISBN
978-2-200-26921-0
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Collection U
Nombre de pages
304
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
429 g
Langue
français
Code dewey
809.387
Fiches UNIMARC
S'identifier

La science-fiction

Lecture et poétique d'un genre littéraire

De

Armand Colin

Collection U

Offres

Autre version disponible

Introduction?>Pourquoi proposer une étude littéraire de la science-fiction ?Le constat préalable est que cette « littérature » est presque toujours présentée sous l'angle des idées et non de son fonctionnement verbal, textuel, scriptural, littéraire. L'exercice définitoire auquel tous les ouvrages existants consacrent volontiers une partie apparaît donc comme un essai d'histoire des idées, ou une spéculation philosophique. En témoigne le parti de ces ouvrages de poursuivre l'analyse par des chapitres thématiques, où les citations (quand il y en a) sont bien moins le départ d'une analyse de la syntaxe, du style, de la composition qu'elles ne servent de support à une enquête sur les inventions. Intéressants et érudits dans les meilleurs cas, compilant des clichés dans les moins bons, ils font en tout cas l'impasse sur ce que j'appellerai ici une « mécanique science-fictionnelle » fondée avant tout sur un texte, ses procédures de lecture et ses contraintes d'écriture. On peut voir dans cet état de fait, avec certains connaisseurs, l'une des raisons qui expliquent que la présence de la science-fiction dans les études littéraires en soit encore à ses balbutiements, en complète contradiction avec la stabilité, voire l'expansion de son succès auprès du lectorat. On se donnera donc ici pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance technique (qui prenne en compte, et au sérieux, sa dimension textuelle et littéraire) de la littérature de science-fiction.
Il y a quelques questions qu'un lecteur sérieux de science-fiction se pose forcément un jour ou l'autre : qu'est-ce que la paralittérature ? Qu'est-ce que la science-fiction ? Qu'est-ce qu'un hralz, une « station portail », un simstim, un klim ou une mosta ? Peut-être ce livre n'a-t-il pas d'autre ambition : non pas répondre entièrement à ces questions, mais montrer qu'elles sont intimement liées, au point que la réponse aux unes (par exemple, la définition d'un hralz) implique nécessairement des hypothèses au sujet des autres (par exemple, ce que recouvre le terme « paralittérature »). La liaison entre ces différents aspects de la lecture science-fictionnelle n'est pas toujours consciente : il est même probable que la plupart des lecteurs de science-fiction n'ont pas de définition du genre immédiatement disponible, même si l'apparition d'un hralz dans la narration d'une fête luxueuse ne leur pose aucun problème (et même leur procure un ravissement certain). Le projet de ce livre est précisément de rendre ces liaisons visibles. Il s'agit en effet de montrer qu'un lecteur à qui le jappement d'un hralz ne pose pas de problème a forcément (même si inconsciemment) recours à une définition, ou au moins à un modèle opératoire, de la science-fiction.En fait, en se proposant de lire de la science-fiction dans un cadre où elle est a priori plutôt méconnue (les études universitaires françaises), on se donne même la chance de mieux percevoir, d'emblée, les liaisons entre un genre littéraire, son fonctionnement textuel et sa place dans l'institution– ces trois derniers termes reprenant à peu près les trois questions posées plus haut (qu'est-ce que la science-fiction ? qu'est-ce qu'un hralz ? qu'est-ce que la paralittérature ?). En effet, pour s'initier à la gymnastique mentale nécessitée par l'irruption, dans le texte, d'inventions telles que les mosta ou les hralzs, on est amené à essayer de comprendre par quelles opérations mentales un lecteur, déstabilisé par un roman réaliste qui enfreint régulièrement la vraisemblance, admet ces infractions en les assimilant à des données vraisemblables dans un univers différent du sien. Ces opérations sont parfois facilitées par le schéma narratif : dans le cas d'un roman de formation, comme Chroniques du Pays des Mères, d'Élisabeth Vonarburg, la découverte des données nouvelles épouse les progrès du personnage principal. Dans cet exemple, le lecteur est peut-être même plus intrigué par le terme « enfante », systématiquement féminin (ce qui n'est pas vraisemblable dans notre univers), que par le mot « mosta », qui s'éclaire assez vite dès que le personnage a assez grandi pour l'opposer aux « dotta ». Dans d'autres cas, au contraire, le schéma narratif choisi complique la tâche du lecteur – par exemple lorsqu'un univers nouveau (pour le lecteur) est vu à travers les yeux d'un personnage qui ne comprend rien à ce qui lui arrive, comme le Case de Neuromancien (William Gibson). Ici, les protocoles du roman noir, qui opacifient toujours la clarté de l'intrigue, noient dans un mélange de codes obscurs (zone portuaire japonaise, milieux mafieux, jargon informatique) les infractions à la vraisemblance proprement science-fictionnelles du roman (la Conurb, une console simstim).
S'identifier pour envoyer des commentaires.

Autres contributions de...

Plus d'informations sur Irène Langlet