Histoire d’un coup d’état, Mamari Biton Koulibaly

Introduction

L'empire de Ségou est relativement mal connu parmi les grands empires de l'Afrique anté-coloniale.
Bien qu'il soit plus proche de nous que le Mali ou le Songhay, on a sur lui moins de témoignages dans les tariks ou les récits de voyageurs.
Peut-être parce qu'il fut et demeura un état animiste au milieu de voisins musulmans. Et cette réputation de « Kafir » a fait grand tort à son prestige, à mesure que le Soudan s'islamisait davan¬tage.
Pourtant les civilisations sont fidèles à elles-mêmes si on se soucie d'ouvrir l'oreille à leurs propres témoi-gnages. Que chantent dans leur langue, à longueur de journée, les griots de Bamako ? Les hauts faits des rois bambara de Ségou !
Mais qui sont ces Bambara qui émergent subite¬ment de l'anonymat il y a deux siècles et demi ?
Un groupement mandingue qui, comme tous les peuples du Soudan, avait appartenu aux grands empi-res de Gâna, du Mali, du Songhay. Les théories sur leur lieu d'origine sont variées.
Pour Tauxier, ce sont des "nègres améliorés", donc métissés de Peuls, donc venant de l'est ! Mais la tradi-tion orale les situe vers Do et Kri, au sud de Kangaba , aux zones frontalières de la Guinée.
Ils se seraient séparés du reste des Malinké pour avoir refusé de renoncer à leurs cultes.
Commence alors la lente migration vers le sud-est, d'abord, le Wassalou, puis la remontée vers le Djoliba, par vagues successives.
Peuple dissident d'abord, peuple de fuyards ensuite, en butte aux razzias des musulmans de Kong qui les capturent comme esclaves. Rien ne préparait les Bam-bara à un destin international.
Ils arrivèrent aux bords du Niger dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, agriculteurs pauvres et chas-seurs nomades, parmi des popula¬tions plus aisées et installées là depuis longtemps.
En cinquante ans, les Bambara avaient dominé leurs voisins et conquis le Soudan, de Tombouctou à Kouroussa, de Nioro à Kayes : Comment expliquer ce phénomène ?