Correspondance (Tome 3) - 1964-1968
EAN13
9782072544941
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
Blanche
Langue
français
Langue d'origine
français
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Correspondance (Tome 3) - 1964-1968

Gallimard

Blanche

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Commencée en 1949 et achevée presque vingt ans plus tard avec la mort de
Jacques Chardonne, en plein Mai 68, cette correspondance est à tout point de
vue celle de la fin d’un monde. Et pour Morand, c’est une amitié littéraire
qui disparaît, « une boule de laine dans la gorge ». Cette « paire
d’anarchistes conservateurs », comme dit Morand, compte bien être aussi du
nouveau monde, en observant avec acuité les bouleversements qui l’inaugurent
et en assurant habilement la postérité de leurs œuvres. Tout à trac, les
Beatles, la guerre du Vietnam, la Nouvelle Vague ou Jack Kerouac s’invitent
chez L’Homme pressé, qui semble toujours partout, en Espagne, à Londres ou en
Allemagne, au Masque et la plume et aux « déjeuners Florence Gould ».
Chardonne, qui fête ses quatre-vingts ans entouré de jeunes critiques, prépare
quant à lui soigneusement sa sortie. Il publie Demi-Jour ; on pose une plaque
pour le célébrer au village de Chardonne, en Suisse. Une lettre aimable du
général de Gaulle suffit à le convertir au règne du « Monarque », sous l’œil
amusé de Morand. Les deux farouches épistoliers jugent sans relâche les grands
vivants et les grands morts dans l’arène des lettres : Cocteau et Drieu,
Mauriac, Sartre, Malraux, Saint-John Perse et Jouhandeau, tout en scrutant les
jeunes premiers, Le Clézio ou d’Ormesson. Chardonne a le regard aiguisé de
l’ancien éditeur ; et Morand, celui du lecteur érudit, passionné d’histoire.
Avec une brillante nostalgie, ce dernier voyage dans le passé, à la faveur de
son Journal d’un attaché d’ambassade, retrouve son paradis d’enfance près de
la Tour Eiffel, ou revisite déjà Venise. Le temps les rattrape, la fidèle
épouse de Morand, Hélène, s’affaiblit et bientôt Chardonne ne répond plus.
Dans ses dernières lettres, le moraliste laconique se fait étrangement
chinois, s’effaçant dans le « Cosmos »… Et le vernis délicat de son admiration
commence à craquer, Chardonne reprochant à Morand sa légèreté coupable en
politique, ses errements antisémites. Mais grâce à lui et à leurs milliers de
lettres, Morand a tout de même réussi ce « self-portrait » éblouissant qu’il
n’avait jamais osé écrire. C’est la Correspondance indispensable avant le
Journal inutile.
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