Le noyé d'arena blanca

Joseph Hansen

Rivages

  • Conseillé par
    23 juillet 2010

    Premier et unique numéro de la collection Policier/Rivages, finalement réédité en Rivages/Noir. A juste titre puisque l’enquête reste ici au second plan.

    Dave Brandstetter (que l’on retrouve dans une série de romans, dont Par qui la mort arrive) travaille pour une compagnie d’assurance qui le dépêche pour enquêter sur les morts suspectes, afin d’éviter d’avoir à verser les primes aux victimes. Il se trouve donc souvent en prise avec ses scrupules qu’il doit faire taire, quitte à passer pour cruel, afin de faire éclater une vérité jamais très propre. Il s’acquitte de son sale boulot et endosse le rôle du mauvais payeur, ignorant la souffrance pour mieux soupeser les consciences, démêlant les files d’une intrigue embrouillée où chacun à une bonne raison de lui mentir, pour mettre à nu un écheveau de société gangrenée par le mensonge. L’enquête est l’occasion pour Brandstetter de toucher la réalité sordide du monde, de se confronter à la société pour en découvrir les mécanismes. L’enquête est une porte donnant sur un univers très ouvert qui ne commence ni ne s’arrête avec elle, le meurtre n’est qu’un épisode parmi d’autres, un non événement faisant partie intégrante du fonctionnement de la société. C’est en cela que les romans de Hansen s’apparentent davantage au roman noir qu’au roman policier, dans leur abandon du personnage au cadre où ils se débattent, pour s’y incruster sans jamais en sortir. La particularité des romans de Joseph Hansen est de mettre en scène un héros ouvertement homosexuel, assez peu présent dans ce genre, pour le suivre au delà de l’enquête, dans sa vie amoureuse. Hansen inscrit l’homosexualité dans son récit comme une donnée récurrente, permettant de rejoindre facilement le crime passionnel, les protagonistes étant bien souvent gays. Et si l’homophobie n’est pas toujours un mobile, elle reste souvent une piste envisagée, comme un reflet persistant des dérives de la société.