George Sand

Biographie

Moreali est mon véritable nom, c'est celui de ma mère et d'un oncle maternel
qui m'a adopté tout récemment. J'ignore qui fut monpère; ma mère était
Italienne, et je suis né à Rome. J'étais fort jeune quand elle m'envoya à
Paris, où je fus élevé chez les jésuites sous le nom de Fervet, et où elle
vint s'établir près de moi quelques années plus tard. Elle me chérissait
tendrement etme donnait l'exemple des vertus chrétiennes. Elle avait bien peu
d'aisance, mais elle ne négligea rien pour mon éducation. Elle passait pour ma
tante, et longtemps, en lui donnant un titre plus doux, je crus n'être que son
fils adoptif.Je fis de bonnes études, mais je ne montrais aucun goût pour
l'état ecclésiastique. La carrière des lettres, l'éloquence du barreau me
tentaient. J'avais de l'ambition, et pourtant j'étais un croyant, mais un
croyant porté à la lutte plus qu'au renoncement.A son lit de mort, ma pauvre
mère me révéla l'illégitimité de ma naissance, et m'apprit qu'étant enceinte
de moi, elle m'avait consacré à Dieu par un voeu solennel. Depuis que j'étais
au monde, elle avait tout fait pour réaliser ce voeu. Elle avait espéré que
j'y souscrirais. Elle avait compté que mon sacrifice rachèterait son péché.
Elle n'exigeait pas que je fusse prêtre sans vocation; mais elle me suppliait
de ne pas lui ôter l'espérance à sa dernière heure et de la laisser partir
emportant la promesse que je ferais monpossible pour lui abréger les terribles
expiations du purgatoire. Si un jour il se pouvait que son fils offrît le
saint sacrifice de la messe à son intention, elle se flattait d'être alors
réconciliée avec Dieu.

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