La maladroite

Alexandre Seurat

Le Rouergue

  • 6 novembre 2015

    Elle porte un prénom de princesse, comme celle au destin funeste, écrabouillée sous un amas de tôle, son beau visage tuméfié. La petite Diana aussi collectionne les bleus. Ils sont plutôt visibles, mais pour chacun d'eux, elle trouve une anecdote. C'est que la petite fille de huit ans est maladroite. Enfin, c'est ce que tout son entourage proche s'accorde à dire.

    À dire vrai, elle grandit dans une famille où la violence est carnivore, là où les voix se changent en revolver à l'intérieur du huis-clos familial. Les parents boivent le sang de leurs illusions perdues. Dans leurs yeux mesquins, face à l'institutrice, ils masquent la folie de leur chaos social. Ils s'enfoncent comme des rats dans l'horreur des coups. Ceux qui accrochent le regard sur la petite Diana, aujourd'hui disparue.

    Le texte polyphonique retrace en écho les doutes des enseignants, les limites des services sociaux, les proches incrédules puis la ronde des voix clame haut et fort la responsabilité des parents-loups frileux et mielleux face à l'administration.

    L'indicible laisse des traces sur le corps de Diana. Ils piétinent sur son corps les dernières fleurs du mal mais ne s'écroulent pas dans leur ombre animale. Les regards, les plus distraits, ne peuvent taire les plaies sur la page noire de l'enfance de Diana. Là, où la parole de la petite princesse s'efface, l'écho des voix résonne à jamais dans ce texte authentique, sans fioritures, mais d'une nécessaire véracité sur la médiocrité humaine anesthésiée.

    Alexandre Seurat, montre comment la maladroite a beaucoup manqué du verbe aimer. Abandonnée à la faune violente, l'auteur souligne les manquements face à une enfance volée. On a laissé là la petite princesse Diana au cœur d'un ouragan qui conduit vers le drame. Le procédé narratif remonte le fils du temps, à l'heure de tous les possibles. L'horreur n'est jamais formulée, elle se mesure dans les silences retentissants de la petite fille.

    L'auteur, au-delà de la rage et de l'impuissance, parvient à tisser la toile des mots nécessaires et utiles pour ne pas oublier cette princesse-là.

    La Maladroite, premier roman d'Alexandre Seurat, la brune au Rouergue.


  • Conseillé par (Libraire)
    30 septembre 2015

    Terrifiant

    Une forme littéraire rare. Un texte bouleversant.


  • Conseillé par
    20 septembre 2015

    Alexandre Seurat, pour son premier roman, relate l'histoire de la petite Diana, disparue à l'âge de 8 ans. C'est à partir de témoignages de personnes l'ayant connue ou côtoyée : grand-mère, tante, institutrice, directrices, médecin, gendarme... que l'on découvre qu'il ne s'agit pas d'une "simple" disparition mais que cette fillette est morte à la suite des violences subies de la part de ses parents.

    On se rend compte, d'après les indices que son institutrice ne manque pas de relever sur l'enfant : bleus sur le corps, brûlures sur la peau, quel a dû être le calvaire enduré par la fillette, qualifiée par ses parents de "maladroite" du fait qu'elle tombait souvent et que sa peau marquait...

    Pourtant, personne ne parviendra à retirer cette enfant de ses parents.

    Ce récit se lit comme un documentaire sur le thème de la maltraitance infantile et met en évidence les difficultés de l'énorme machine administrative et judiciaire à se mettre en route dans de telles situations.

    Un livre bouleversant qui ne peut laisser indifférent.


  • Conseillé par (Libraire)
    11 septembre 2015

    Coup de coeur de Céline

    Peut-on empêcher l'indicible de se produire?
    A la manière d'une enquête à posteriori, Alexandre Seurat donne la parole à ceux qui ont côtoyé la petite Diana.
    Un état des lieux de l'engrenage de la violence sobre et efficace, d'une absolue nécessité.


  • Conseillé par
    9 septembre 2015

    En ayant pour thème la maltraitance des enfants, j’avais une appréhension celle d’être prise en otage par les ressentis qu’un tel thème ne peut que susciter. Mais en choisissant de nous raconter l’histoire de Diana âgée de huit ans (tirée d’un fait réel) par les personnes qu’elle a rencontrées ou qui l’ont côtoyées, Alexandre Seurat permet à travers les témoignages de saisir l’ampleur de ce drame et de ses à côtés. Tout commence par un avis de recherche de Diana car ses parents l'ont signalé disparue. Son ancienne institutrice se souvient de la fillette, des anomalies qu’elle avait constatées. Bleus, trace de coups pour lesquels les parents de Diana mettaient en avant sa maladresse. Mais elle a compris qu’il s’agissait d’autre chose et va remuer ciel et terre. Directrice d’école, médecin, la tante de Diana, sa grand-mère, les gendarmes, le personnel des services sociaux prennent tour à tour la parole. Comme la première institutrice de Diana, il y a ceux qui se sentent impuissants, d’autres qui ne veulent pas prendre de décision trop hâtivement.

    Les parents de Diana jouent la comédie à merveille : celle d’une famille unie ou tout le monde aime Diana. Malgré la machine mise en marche, il sera trop tard pour Diana.
    Aucun voyeurisme, aucun pathos ni aucune scène de violence. Tous est suggéré mais le dysfonctionnement de l’administration surgit entre les lignes. Un premier livre qu’on lit la gorge serrée et dont on ne sort pas indemne.


  • Conseillé par
    9 septembre 2015

    maltraitance

    A mon tour, je succombe à la plume de ce premier roman et à son atmosphère si particulière.

    Chaque spectateur du drame explique, sans se dédouaner, comment il a perçu le calvaire de Diana et de quelle façon il a réagi. Nous entendons même parler le père et la mère, et le grand frère, très peu.

    Pas d’analyse psychologique, juste des parents sachant jouer avec le système et voulant à tout prix une famille idéale.

    Et puis une famille unie dans le mensonge, autour des coups et des blessures profondes au point de déformer le visage de Diana, cette petite fille au prénom de princesse prédestinée au tragique.

    Une lecture clinique mais qui raisonne longtemps après avoir fermé le livre.

    L’image que je retiendrai (attention divulgation) :

    Celle du bloc de béton de 1 mètre sur 1 mètre caché au fond d’une usine désaffectée.

    http://alexmotamots.wordpress.com/2015/09/06/la-maladroite-alexandre-seurat


  • Conseillé par (Libraire)
    26 août 2015

    Captivant et poignant

    Sobre et sans fioriture, "La Maladroite" est un roman qui prend aux tripes. Captivant et avec une structure littéraire originale, l’auteur décortique une mécanique effrayante. Une lecture à fleur de peau et poignante !


  • Conseillé par
    25 août 2015

    Se souvenir de Diana...

    Diana est maladroite. Etait, plutôt. C'est ce que vont évoquer à tour de rôle celles et ceux qui auront traversé la courte vie de cette fillette : ses maladresses, chutes répétées et autres blessures pour en attester... Dès le début de ce court roman, le doute n'est pas de mise, son institutrice s'effondre en voyant l'affiche de la disparition de Diana. Puis, lui succède la voix de la grand-mère, la première à observer l'équilibre vacillant au sein du foyer de sa fille, ses interrogations devant les explosions des parents envers sa petite-fille. Des voix d'adultes, plus ou moins proches de Diana, alternent, s'interrogeant sur la possible violence dont elle est victime. La spirale qui conduira, inéluctablement, au drame, se dessine dans les phrases de la tante, dans celles de la mamie, des instits, des directrices d'école, des travailleurs sociaux et même, des gendarmes.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    19 août 2015

    pour ne pas oublier

    Un premier roman qui fait froid dans le dos.

    D'abord, il y a cette illustration de la couverture, si bien trouvée.

    Et puis il y a les mots, et un angle d'approche particulièrement bien choisi, sans débordements, sans pathos.
    Les faits. Bruts. Terribles.
    Les versions de l'entourage, des protagonistes de l'enquête.
    Les silences, les impuissances.
    Ces mensonges, ces mots qui ne viennent pas, ces lâchetés, ces remords, cette culpabilité, et ces "procédures à suivre". Ces excuses, ces explications, toujours.
    Et les dysfonctionnements de la machine de protection de l'enfance.

    Un texte nécessaire, on aimerait tant qu'il n'y ait pas d'autres Diana.

    Pour se souvenir de la petite Marina , dont la tragique histoire est à l'origine de ce livre.
    Pour ne pas oublier.
    http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2015/08/la-maladroite-dalexandre-seurat.html