• Conseillé par
    4 avril 2013

    « Voodoo Land » est le deuxième roman mettant en scène une enquête de Max Mingus, flic à Miami dans les années 80. Pas besoin d’avoir lu le roman précédant, les enquêtes étant indépendantes les unes des autres. Pas perdue non plus dans l’univers poisseux de la Nouvelle-Orléans, Nick Stone faisant en sorte de nous mettre dans le bain tout de suite avec son écriture très cinématographique. Une atmosphère très bien rendue avec ces descriptions dynamiques de la ville telle qu’elle était dans les eighties, avec un côté très « Miami Vice » et sa chaleur étouffante, sa nourriture riche, mais surtout sa criminalité en hausse et son vaudou haïtien. L’auteur réussit à nous emmener dans les rues de la Nouvelle Orléans, en compagnie de ses dealers, de ses macs et de son soleil implacable. J’ai complétement adhéré à l’ambiance du roman.

    L’enquête menée par Max Mingus s’avère, quant à elle, des plus réussies. Nick Stone nous sert un roman de flics « old-school » à l’époque où ils n’hésitaient pas à déroger à la déontologie quitte à passer de l’autre côté de la loi. Alors forcément, ça respire à plein nez la testostérone et le « on les aura » très américain, mais l’auteur n’hésite pas à y porter un regard acéré sur une époque difficile où la criminalité explosant avec l’immigration, la ville était livrée à elle-même. Le contexte socio-historique est transposé brillamment, avec ses querelles de services (le fameux clivage police/procureur/maire, etc.) et ses magouilles politiques. Ambition et ego démesurés étant les maitres mots de l’époque (et du bouquin), notre héros fait un peu office de dilettante.

    Personnalité bordeline, Max Mingus est la caricature de flic par excellence : il boit, fume, mange mal et se bagarre à tout va. Sa carrière ? Il vous répondrait certainement par un reniflement de mépris. Monter en grade ne l’intéresse aucunement, mais son sens de la justice ne lui laisse aucun répit. Quitte à se brûler les ailes. Nick Stone n’hésite d’ailleurs pas à y aller franco de son ironie mordante. Exemple dans cette scène où une serveuse dénigre et méprise Mingus parce qu’il pue et ne présente pas bien alors que l’homme bien sapé qui lui fait la cour est en fait un mac qui veut la mettre sur le trottoir. Quelques pages plus loin et les deux points de vue retranscrits (flic et mac), Mingus apparait comme un héros salvateur, certes très ricain, mais l’auteur obtient ce qu’il veut : on finit par apprécier ce flic flambé.

    Bien que Nick Stone fasse montre d’une certaine maitrise de son récit, les points de vue alternant entre les deux côtés de la barrière, et l’intrigue progressant par « époque », on regrettera quand même une grosse tendance à la digression, qui nous envahit de précisions plus ou moins importantes pour faire avancer l’intrigue. Ok, les retours vers le passé peuvent s’avérer intéressants voire capitaux pour appréhender totalement l’évolution des protagonistes, mais ils sont quand même très nombreux, tant et si bien qu’on croule sous les informations. Autre petit point négatif, c’est la violence omniprésente dans le récit. Rien de gratuit, heureusement, mais certaines scènes sont dures et le côté un peu caricatural de l’époque pourra faire grincer des dents. Personnellement, j’ai aimé car l’auteur nous livre des personnages complets, ni complétement blanc, ni complétement noir, avec de multiples facettes et fêlures. Franchement, à découvrir.