Femmes en colère, roman

Mathieu Menegaux

Grasset

  • Conseillé par
    7 juin 2021

    #MeToo

    Le moins que je puisse dire de ce roman, c’est qu’il m’a fait réagir.

    J’aurais aimé être avec les jurés et leur glisser deux-trois trucs à l’oreille pour orienter leur vote. Ce qui me fait dire que l’auteur aurait pu être plus prolixe et glisser plus d’arguments lors des débats contradictoires.

    J’ai aimé la façon dont le romancier nous parle de la libération de la parole et du #MeToo sans avoir l’air d’y toucher, tout en finesse, comme il sait si bien le faire.

    J’ai aimé Mathilde Collignon et son geste. Je ne vous en dirais rien car l’auteur fait durer le suspens jusqu’à la moitié de son roman.

    Mais imaginer les deux agresseurs après son geste m’a bien fait rire, et venge un peu toutes les femmes violées.

    J’ai été effarée que le Président demande aux jurés de se prononcer sans émotion : qui peut penser et vivre sans émotions ?! Les dictatures, peut-être…

    Et quelle conclusion : l’image finale est très forte et très juste.

    Une lecture qui, j’en suis sûre, ne vous laissera pas indifférent-e.

    Quelques citations :

    Ce n’est peut-être pas de la légitime défense, comme vous nous la décrivez dans les textes de loi, mais c’est une légitime défense dans ce monde où les femmes ne sont pas écoutées quand elles crient, quand elles sont battues, quand elles sont violées. (p.78)

    Les hommes sont promptes à nous montrer leur queue, sans qu’on le leur ai demandé, persuadé que ce spectacle nous excite follement. Et dire que c’est moi la barbare…. (p.96)

    L’image que je retiendrai :

    Celle du Président qui peu à peu devient moins froid et comptable et cherche à donner équitablement la parole.


  • Conseillé par
    26 mars 2021

    Conseillé par Fabienne, libraire

    Je me suis souvent demandé ce que ça pouvait faire d’être appelé comme juré d’assises. Qui serais-je, moi simple citoyenne, pour juger et condamner quelqu’un ? C’est tout l’art de Mathieu Ménégaux que de nous propulser dans cette dimension et de nous mettre face à cette situation. Dans le huis clos qu’il nous propose, il y a forcément une personnalité proche de la nôtre avec les mêmes questions, hésitations, contradictions. Pas de faux semblants, des gens comme vous et moi, banals, humains, pas toujours glorieux qui doivent décider de l’avenir d’une femme dont, en parallèle du délibéré, on entend la voix, la colère et les doutes quant à la justice des hommes. Est-elle coupable ou victime ou les deux à la fois ?
    Comme à son habitude Mathieu Ménégaux n’écrit pas, il boxe, envoie des uppercuts qui nous mettent au tapis, le souffle coupé par une écriture virtuose.
    On sort de cette lecture sonné mais aussi, certainement, grandi.
    Lisez !


  • Conseillé par
    14 mars 2021

    Indispensable.

    Qu’est ce que je pourrais bien vous dire pour vous convaincre de lire ce nouveau roman de Mathieu Menegaux ?

    Je pourrais vous parler du titre, Femmes en colère, tellement approprié et si judicieux.
    Je pourrais vous parler de son intrigue, l’histoire de Mathilde, qui est aujourd’hui jugée aux assises parce qu’elle a eu le malheur d’être un jour victime de monstres.

    Je pourrais vous parler des personnages, profonds, touchants, révoltants. Ceux que l’on voudrait serrer dans nos bras et ceux que l’on aimerait frapper, tellement représentatifs de notre société.
    Je pourrais vous parler du style de l’auteur, si vif, si vrai, si juste...
    Je pourrais vous parler de l’atmosphère qui s’en dégage, de cette sensation d’être dans cette salle, d’assister aux débats, mais aussi de réellement être aux côtés de Mathilde pendant les suspensions. Du besoin ressenti par le lecteur de l’écouter encore et encore.

    Je pourrais vous parler des problèmes qu’il met en lumières et des sujets qu’il interroge.
    Le droit des femmes à dire non.

    Le fait que ce droit soit remis en cause quand la femme n’a pas la tenue vestimentaire appropriée ou le mode de vie qu’on en attend.

    Le fait que si une victime a l’outrecuidance de vouloir se défendre, elle devient coupable aux yeux de la Loi...

    Je pourrais vous parler de ce que j’ai ressenti lors de cette lecture.
    De ma colère face à ces vérités.
    De mon dégoûts face à certaines réactions des jurés.
    De mon désespoir devant tout ce qu’il nous reste à accomplir avant qu’enfin une victime n’est plus jamais à se justifier.
    Et surtout de l’immense besoin de dire merci à l’auteur.
    Parce qu’il a su trouvé les mots. Parce qu’il n’a pas eu peur de les mettre sur papier. Parce qu’il est parvenu à exprimer le pire pour essayer de nous ouvrir les yeux.
    Parce qu’enfin, c’est un homme, et que pourtant c’est sûrement l’un des plus beaux témoignages de femme qu’il nous offre là.

    Je pourrais vous parler de mille et une choses, mais je ne le ferais jamais aussi bien que l’auteur.
    Je pourrais vous donner des dizaines de raisons de le lire, mais aucune de sera à la hauteur de ce roman.

    Alors n’hésitez pas.
    Lisez-le.
    Offrez-le.
    Parlez-en.