Mille jours sauvages

Cathy Borie

La Remanence

  • Conseillé par
    16 décembre 2020

    Un peu de longueurs (pour moi) dans ce roman de Cathy Borie qui ne gâchent même pas le plaisir de la lire. Comme toujours, c'est formidablement écrit, dans une belle langue à la fois simple, accessible et travaillée. Elle entre au plus profond de ses deux personnages principaux qui s'ouvrent l'un à l'autre, racontent leurs histoires parfois violentes.

    La solitude, la lenteur sont de mise. Les rares bruits depuis que plus rien d'électrique ne fonctionne sont étouffés par l'épaisseur de la neige et engourdis par le froid. Les tâches sont nombreuses, harassantes et répétitives, il faut vivre comme nos aïeux, tout réapprendre. Les paysages et conditions météorologiques sont très présents, fortement et ils donnent au roman un air de catastrophe, un genre qui devrait se développer dans les prochaines années tant ce qui nous attend est incertain.

    Cathy Borie amène ce qu'elle nomme le "Grand Evénement" calmement, finement, loin des effets faciles des romans ou films catastrophe : "Un matin en s'éveillant, la mère de Camille avait senti très vite que quelque chose avait changé : c'était presque imperceptible, à cause de la vie déjà un peu différente en cet endroit du pays, paisible et souvent silencieuse, préservée, disait-on." (p.23). C'est un événement important certes qui est prétexte à l'introspection et à la découverte de l'autre. Cathy Borie est en terrain conquis, elle maîtrise le sujet. Ses héros sont forts et profonds. Avec eux et le monde blanc et froid qu'elle met en place, elle écrit un roman qu'on n'est pas prêt d'oublier, ni Jack et Camille.